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La laïcité instaure un cadre propice à la fraternité

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Quel rapport entre la laïcité de l’État et la fraternité ?
 

Une réponse d'Abdennour Bidar, philosophe
Réseau Canopé - 2016 :
(3 minutes 37)

Extrait :

« Le cadre offert par le principe de laïcité permet de cultiver une relation plus fraternelle, car dans un tel cadre nous n'avons pas à avoir peur : nous ne sommes menacés par personne. Dans un État laïque, ni une religion ni l’État n'ont le pouvoir de nous faire violence, notre liberté de conscience est garantie.

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Que je croie au Ciel ou que je n'y croie pas, que je sois athée, agnostique ou croyant, je suis dans une situation qui est très favorable pour ressentir un sentiment de fraternité et vivre une relation de fraternité avec l'autre alors même que nous n'avons pas les mêmes convictions.

 

Nous n'avons rien à craindre les uns des autres parce que nous vivons dans un État qui à la fois nous laisse tranquille du point de vue de nos convictions, et un État qui veille à ce que la liberté de conscience des uns soit toujours respectée par les autres, selon une relation de bénéfice réciproque. »

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Abdennour Bidar montre que la fraternité universaliste associée à la liberté et à l’égalité républicaines, nullement opposable aux religions ni à la nation française, permet de promouvoir une solidarité qui surmonte l’opposition de l’individualisme de la loi du plus fort.

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« La fraternité est restée pendant trop longtemps la grande oubliée de notre devise républicaine. Or, elle en est le cœur secret : sans elle, la liberté et l’égalité sont un idéal vide, parce que si je ne perçois pas l’autre comme mon frère, que m’importe en réalité son droit à la liberté, et en quel sens abstrait serait-il mon égal ?

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Des trois sœurs, c’est elle qui a le plus de génie ! Voilà pourquoi il faut renverser l’ordre de notre devise, la faire passer en premier : « Fraternité, liberté, égalité. » Car elle seule peut empêcher efficacement la liberté de basculer dans l’individualisme. Elle seule peut empêcher efficacement l’égalité de basculer dans l’affrontement entre ceux qui estiment avoir les mêmes droits. Si l’on ne veut pas que s’installe la guerre des libertés et le conflit des égaux, il faut nécessairement qu’il aient appris d’abord à se considérer comme frères. Il faut qu’ils aient été éduqués à se soucier de la liberté et de l’égalité de l’autre, et de ce souci pour autrui, seul un frère est pleinement capable. Sans expérience de proximité, sans relation d’estime, sans cette amitié sociale dont Aristote déjà faisait la clé de la justice dans la Cité, le maintien de notre liberté et notre égalité ne pourront compter que sur les lois et la police, jamais sur nos cœurs. »

 

Abdennour Bidar, Plaidoyer pour la fraternité, Albin Michel, 2015.

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Source : site de l'association des professeurs de philosophie de l'enseignement public.

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La laïcité pour la fraternité

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