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Chaque homme porte en lui la forme entière de l’humaine condition
La France a connu des guerres de religion qui ont ravagé le Royaume. A partir de la Réforme qui instaura au XVIe siècle le protestantisme, ces guerres ont opposé catholiques et protestants. C'est la recherche d'une solution pour pacifier le pays qui est à l'origine de l'idée de séparation entre l’Église et l’État.
Dessin tiré de l'album Philocomix, Jean-Philippe Thivet, Jérôme Vermer et Anne-Laure Combeaud, éditions Rue de Sèvres, 2017
A la Renaissance se développe en Europe une remise en cause du pouvoir de l’Église catholique, considéré comme abusif.
La principale critique est celle du commerce des Indulgences : la papauté vendait aux fidèles des indulgences (du latin indulgere, « accorder »), que l'on achetait pour obtenir le pardon total ou partiel des péchés, afin d'échapper au purgatoire. L'argent récolté était principalement destiné à financer les arts et les monuments au service de la grandeur de l’Église, comme ce fut le cas pour l’édification de Saint-Pierre de Rome.
Est également critiqué le fait que le peuple n'ait pas accès au texte sacré, notamment lors de la messe, puisque la Bible est alors en latin.
Luther traduit la Bible en allemand pour qu'elle puisse être lue et comprise par tous. Elle est par la suite diffusée dans toute l'Europe grâce à l'invention de l'imprimerie par Gutenberg.
Le pape signant les indulgences, Passional Christi und Antichristi, Lucas Cranach (dit l'Ancien, 1472-1553), gravure sur bois, Wittenberg, 1521, Paris, Bibliothèque nationale.
La naissance du protestantisme
Luther placardant ses 95 thèses contre les indulgences, le 31 octobre 1517, sur les portes de l’église de Wittenberg. Tableau de Ferdinand Pauwels,1872, Eisenach.
C’est cet événement, enjolivé par la tradition, qui est commémoré comme le début de la Réforme.
La traduction de la Bible en allemand par Martin Luther est une première étape dans le parcours pour la défense de la liberté et de la tolérance, contre l'abus de pouvoir subi par le peuple. La Bible fut traduite dans plusieurs langues et devenait par conséquent accessible et comprise par tous.
Le mouvement de protestation et de réforme de l’Eglise catholique naît en Allemagne le 31 octobre 1517 lorsque Martin Luther, un moine allemand, placarde sur la porte de l'église du château de Wittenberg 95 thèses dans lesquelles il dénonce les scandales de l'Église de son temps. Il va ainsi briser l'unité de l'Église catholique et jeter les bases du protestantisme.
Le protestantisme se développe ensuite en Suisse puis en France sous l’influence de Jean Calvin.
Avec l'invention de l'imprimerie par Gutenberg et la diffusion de la Bible en langue vulgaire (= langue commune à tous, c'est-à-dire langue vivante par opposition à langue savante ou morte (le latin), du latin vulgus = commun des hommes, multitude), la connaissance biblique n'est donc plus réservée aux membres du clergé mais elle devient accessible à tous.
Martin Luther en 3 minutes
À partir du XVIe siècle, le schisme provoqué par la Réforme protestante qui oppose au sein du Christianisme protestants et catholiques, conduit à de sanglantes guerres civiles.
1ère guerre (1562-1563)
Le massacre par le duc François de Guise d’une centaine de protestants assistant au culte dans une grange de la ville de Wassy, le premier mars 1562, est considéré comme l’événement qui a déclenché la première guerre de religion. A l’appel de Louis de Bourbon, prince de Condé, les protestants prennent les armes. Condé s’empare d’Orléans le 2 avril.
La guerre s’étend à tout le royaume. Elle est marquée par des violences sauvages dans un camp comme dans l’autre.
4e guerre (1572-1573)
Le massacre de la Saint-Barthélémy, 24-28 août 1572
L'apogée de la violence
Le déferlement de violence est ici présenté non seulement comme une sorte d’apocalypse macabre dans laquelle se déchaîne une barbarie sans nom : les bébés sont martyrisés, les femmes enceintes percées de coups. Les petits enfants eux-mêmes se livrent à ces violences inouïes.
Le peintre évoque aussi les pillages auxquels certains se livrèrent.
Environ trois mille personnes furent assassinées entre le 24 et le 28 août.
Site de la revue Geo : Qu'est-ce que le massacre de la Saint-Barthélémy ?
Site Herodote.net : 1561 à1598 : huit guerres de religion
Les écrivains témoignent
Montaigne a vécu au coeur des guerres de religion :
Je pouvais avec peine me persuader, avant de l'avoir vu, qu'il eût existé des âmes si farouches, qui pour le seul plaisir du meurtre, le voulussent commettre ; hacher et détrancher les membres d'autrui ; aiguiser leur esprit à inventer des tourments inusités, et des morts nouvelles, sans inimitié, sans profit, et pour cette seule fin, de jouir du plaisant spectacle, des gestes et mouvements pitoyables, des gémissements et voix lamentables d'un homme mourant en angoisse.
Essais, III, 1, 1588.
Sur le rôle de conciliateur de Montaigne, voir l'article "Montaigne, le sage entre guerres et religions", publié dans le journal L'Express en 2015.
Voltaire évoque au XVIIIe siècle le massacre de la Saint-Barthélémy :
Ces monstres furieux, de carnages altérés,
Excités par la voix des prêtres sanguinaires
Invoquaient le Seigneur en égorgeant leurs frères ;
Et le bras tout souillé du sang des innocents,
Osaient offrir à Dieu cet excécrable encens.
La Henriade, Chant II, v. 268-272, 1717.
La Henriade est une épopée en dix chants écrite entre 1713 et 1718 en l’honneur du roi Henri IV, dans laquelle Voltaire plaide pour la tolérance religieuse.
Le Chant II a été écrit alors que Voltaire était emprisonné à la Bastille en 1717.
« Paris vaut bien une messe »
Portrait du roi Henri IV portant en écharpe la bannière blanche et la croix de l'Ordre du Saint Esprit, par Frans Pourbus le Jeune vers 1620.
Château de Versailles.
Henri IV, successeur légitime de son cousin Henri III, abjure la religion réformée en 1593 afin de se faire sacrer à Chartres en 1594. C'est à cette occasion qu'il aurait dit : « Paris vaut bien une messe ».
Le 30 avril 1598, il signe à Nantes un ensemble de textes connus sous le nom d'Édit de Nantes.
Ces textes mettent fin aux guerres de religion en instituant, pour la première fois en Europe, la coexistence entre la majorité catholique et la minorité protestante calviniste.
L’Édit de Nantes permet donc de pacifier la France.
L’Édit de Nantes est un édit de tolérance qui préfigure la laïcité, car il accorde la liberté de conscience et l'égalité civique.
Il comporte cependant des limites à la liberté de culte, qui n'est accordée que dans le cadre privé et pas à Paris et dans ses environs.
Bien que déclaré « perpétuel et irrévocable », l'Édit de Nantes sera progressivement modifié tout au long du siècle suivant, jusqu'à sa révocation complète par le roi Louis XIV en 1685, moins d'un siècle après sa signature.
Pour aller plus loin : de l'Édit de Nantes à sa révocation, les cours d'histoire moderne de H. Daussy.
Louis XIV, qui instaure la monarchie absolue, perçoit comme une menace pour son pouvoir la présence de protestants en France.
Le 16 octobre 1685, il révoque l’Édit de Nantes par l'Édit de Fontainebleau : le protestantisme est de nouveau interdit dans le royaume de France.
S’ensuit alors une période de persécutions qui conduit 200 000 protestants à l'émigration et l'autre partie à une sorte de résistance passive ou, dans sa majorité, à pratiquer un catholicisme de surface (des cultes clandestins se tiennent parfois en pleine nature dans des grottes, des clairières ou des vallons isolés).
Pour aller plus loin : la révocation de l’Édit de Nantes racontée par Richard Fremder, La minute Herodote.net.
La persécution des protestants au XVIIIe siècle sous Louis XV
Le 14 mai 1724, l’Édit de Louis XV réintègre toute la législation anti-protestante. Devenu majeur, il signe une déclaration qui rappelle toutes les ordonnances de Louis XIV en les aggravant : peine des galères ou de la prison avec confiscation des biens, pour ceux qui seraient surpris aux assemblées, comme pour ceux qui donneraient asile aux pasteurs ou ne les dénonceraient pas ; peine du gibet pour les prédicants ; ordre aux parents de faire baptiser leurs enfants dans les vingt-quatre heures de leur naissance par le curé de la paroisse, etc.
En 1745, après la trêve de 1744, la persécution anti-protestants reprend. De nouvelles ordonnances de Louis XV inaugurent la grande persécution qui dura sept ans : l’Église catholique prend de nouvelles mesures et exécute des pasteurs clandestins, envoie des huguenots aux galères et leurs femmes en prison lorsqu'ils sont pris à pratiquer leur culte, condamnant non seulement ceux qui auraient été pris aux assemblées, mais encore ceux « qu'on saurait y avoir assisté ».
En 1753 on traqua les femmes et les enfants des pasteurs afin d'obliger ceux-ci à sortir du royaume.
Pour aller plus loin : en 1765, Diderot dénonce la révocation de l’Édit de Nantes et la persécution des protestants à son époque, dans l'article « Réfugiés » de l'Encyclopédie.