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Débats sur la laïcité
Les trois boussoles de la laïcité

Un principe universel

« La laïcité est un principe de droit politique. Elle recouvre un idéal universaliste d’organisation de la Cité et le dispositif juridique qui tout à la fois se fonde sur lui et le réalise. Le mot qui désigne le principe, laïcité, fait référence à l’unité du peuple, en grec le laos, telle qu’elle se comprend dès lors qu’elle se fonde sur trois exigences indissociables : la liberté de conscience, l’égalité de tous les citoyens quelles que soient leurs convictions spirituelles, leur sexe ou leur origine, et la visée de l’intérêt général, du bien commun à tous, comme seule raison d’être de l’Etat. La laïcité consiste à affranchir l’ensemble de la sphère publique de toute emprise exercée au nom d’une religion ou d’une idéologie particulière. »
 
Henri Peña-Ruiz, Qu'est-ce que la laïcité ?

Les trois boussoles de la laïcité :
universalisme, émancipation, intérêt général
(4 minutes 30) :

Origine et sens du mot

La première occurrence du mot « laïcité » figure dans le Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire de Ferdinand Buisson.

La laïcité concerne donc l'école avant l’État.

Pour Ferdinand Buisson, le mot s’imposait par la nécessité de désigner l’aboutissement du processus de laïcisation qui affranchit l’État de l’Église et l’Église de l’État, après avoir affranchi l’école de l’Église.

« Que faut-il entendre par laïcité de l'enseignement ? (…) : l'enseignement primaire est laïque, en ce qu'il ne se confond plus avec l'enseignement religieux. L'école, de confessionnelle qu'elle était, est devenue laïque, c'est-à-dire étrangère à toute église ; elle n'est plus seulement « mixte quant au culte » (…) elle est « neutre quant au culte ». Les élèves de toutes les communions y sont indistinctement admis, mais les représentants d'aucune communion n'y ont plus autorité, n'y ont plus accès. C'est la séparation, si longtemps demandée en vain, de l'église et de l'école. L'instituteur à l'école, le curé à l'église, le maire à la mairie. »
Ferdinand Buisson, Dictionnaire de pédagogie,1887.

Les définitions de Ferdinand Buisson :
laïque
et laïcité

Dictionnaire de pédagogie,1887

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Philosophe et pédagogue, Ferdinand Buisson (1841-1932) fut président de la Ligue de l’enseignement et cofondateur de la Ligue des droits de l’homme. Il reçut le prix Nobel de la paix en 1927.
C’est lui qui présida la commission parlementaire chargée de mettre en œuvre la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905.

Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 1789

 

Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public.

Article premier de la Constitution, 1958

 

La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.

Laïcité adjectivée

Peut-on parler de laïcité « ouverte » ou « fermée » ?
-> Un principe parfois mal compris et remis en question

Une définition en débat :

La laïcité, principe ou valeur ?

La désignation du principe de laïcité comme valeur donne aujourd'hui lieu à des débats.

La laïcité doit être réduite pour certains à un cadre purement juridique : principe de séparation des Églises et de l’État, principe de neutralité confessionnelle de l’État. Tandis que pour d’autres ce principe à la fois philosophique et politique est indissociable, tant par son histoire que par ce qu'il permet, de valeurs.

« La laïcité énonce des principes, qui sont aussi des valeurs, et rendent possibles des normes juridiques destinées à réguler la société aussi justement que possible. »

Henri Peña-Ruiz, « Principes, valeurs et normes » in Cycle de conférences sur la laïcité, Académie de la Réunion, février 2020.

« Mais au-delà de la liberté de conscience et des règles de droit commun, on doit aussi y voir un principe d'ordre moral, l'extension du domaine de l'intelligence et du jugement critique à tous les domaines d'activité. Il n'y a pas d'autorité, divine ou révélée, opposable à la connaissance objective, et nul n'a de supériorité d'essence sur son voisin. Ce qui suppose la primauté de la loi civile, votée par tous, sur le dogme de quelques-uns. Il est juste, je crois, d'appeler cela une mesure d'émancipation. »
Régis Debray, "La laïcité n'est pas une profession d'athéisme militant", Entretien par Eugénie Bastié, article du Figaro du17 décembre 2020.

« La laïcité, pierre angulaire du pacte républicain, repose sur trois valeurs indissociables : liberté de conscience, égalité en droit des options spirituelles et religieuses, neutralité du pouvoir politique. La liberté de conscience permet à chaque citoyen de choisir sa vie spirituelle ou religieuse. L’égalité en droit prohibe toute discrimination ou contrainte et l’Etat ne privilégie aucune option. Enfin le pouvoir politique reconnaît ses limites en s’abstenant de toute immixtion dans le domaine spirituel ou religieux. La laïcité traduit ainsi une conception du bien commun. »
Extrait du rapport de la commission Stasi, 11 décembre 2003.

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